[PV Socrate] Déambulation.

On ne saura pas si Socrate faisait semblant de dormir ou non, ce qui est certain c'est qu'il sentit parfaitement le contact de la langue, rugueuse comme celle de touts les chats, sur le bout de son nez. C'était peut-être le premier signe affectueux qu'elle lui avait témoigné depuis qu'ils se connaissaient et s'il avait pu, il lui aurait immédiatement rendu cette léchouille. Mais déjà la chatte tournait la tête et s'agaçait comme une enfant qui on aurait demandé de rester sage. Une enfant mal élevée, incapable de tenir en place mais tellement attendrissante...

Le matou se relevait lentement en songeant soudain que Poudja aurait pu être sa fille. Sa petite fille même. Pourquoi cela ne lui causait pas le moindre problème? Il ne se demanda même pas si la chatte se dégoutait d'un mâle si âgé. Il s'enfermait comme un autiste dans son amour qu'il voulait si parfait, si réciproque... Il reposa sur elle son regard d'ordinaire si sombre qui semblait devenir tellement plus bleu lorsqu'il la devisageait.

« Pourquoi trembles-tu si tu n'as plus froid ? »

Vous noterez peut-être que le langage du chat noir était plus soutenu que celui de la jeunette. Ils avaient grandis dans des univers très différents quoique semblables sur le fond et ce que Socrate en avait retenu, c'est un vocabulaire plutôt correct bien qu'il ne parlait pas beaucoup à ses victimes. Une nouvelle sensation attira toute son attention mais ne le fit pas sursauter, une goutte venait de tomber sur son nez. Il leva la tête et tout son corps suivit, se dressant de toute sa hauteur et pouvait paraitre monstrueux à coté de la silhouette féminine et délicate de Poudja. Il commençait à pleuvoir, d'ici deux minutes toutes au plus ce serait une grosse averse et si la chatte avait déjà froid elle supporterait mal d'être mouillé. Le noir se leva donc d'un coup, fouettant les environs du regard et dénicha un passage qui lui permettrait de descendre facilement du toit. Il y entraina sa compagne mais au moment de se jeter dans le vide, il s'arrêta et se tourna vers elle.

« Sais-tu seulement ce qu'est le clan du sang ? »

Il n'en avait jamais parlé avec elle jusqu'là. Bien sûr elle savait qu'il avait abandonné un gang pour elle mais réalisait-elle seulement de quels assassins il s'agissait? Réalisait-elle que si un jour ils l'attrapaient elle aurait une mort des plus atroces? Pire encore, imaginait-elle seulement les horreurs que Socrate avait pu commettre en 7 ans, le nombre de chatons égorgés et de chatte lapidées pour avoir voulu protéger leurs enfants? Ce qui était certain, c'est que jamais elle ne devrait savoir qu'elle aurait du venir rallonger la liste de ses victimes.